Dites non au projet d’interdiction de la Perruche Grand Alexandre à la Réunion

Monsieur le Préfet, Nous avons pris connaissance du courrier de l'IRI, de la SEOR et de la FDC974 du 26 octobre 2023 souhaitant la modification de l'arrêté du 28 juin 2021 *relatif à la prévention de l'introduction et de la propagation des espèces animales exotiques envahissantes sur le territoire de La Réunion - interdiction de toutes activités portant sur des spécimens vivants pour y inclure la Perruche Alexandre (Psittacula eupastria eupatria). Nous souhaitons exprimer notre vive opposition et celle des éleveurs d'oiseaux de l'île de La Réunion à cette demande qui, pour nous, ne se justifie absolument pas. Nous notons avec regret que les auteurs de ce courrier indiquent que « la gestion des populations captives de ces deux espèces invasives reste l'un des principaux facteurs limitant de ce programme de lutte opérationnelle .» Or, la seule espèce mentionnée comme invasive dans l'arrêté du 28 juin 2021 est la perruche à collier et en aucune manière la perruche Alexandre : lI n'appartient donc ni à l'IRI, ni à la SEOR, ni à la FDC974 de déterminer, sans étude scientifique et sans étude d'impact spécifique à l'île de La Réunion (notion d'espèce invasive avec impact environnemental et /ou économique) que cette espèce est invasive. Nous considérons qu'il ny' a que les scientifiques qui peuvent aboutir sérieusement, si cela est avéré, à de telles conclusions. Personne d'autre ne peut ou ne doit se substituer à eux, au risque de faire n'importe quoi. Il est également dit dans ce courrier qu'il y a un risque d'hybridation pouvant conduire à « la naturalisation définitive » de ces espèces. Là aussi, nous n'avons trouver aucune étude prouvant ces allégations, à savoir qu'hybridation = naturalisation définitive de ces deux espèces à l'île de La Réunion. Par ailleurs, avons-nous déjà retrouvé dans la nature un hybride de ces deux espèces à l'ile de La Réunion ? Nos éleveurs nous disent qu'une espèce ira toujours préférentiellement vers un individu de sexe opposé de sa propre espèce avant tout autre choix. Le seul risque d'hybridation es présentant s'il n'arrive pas à trouver un ou une partenaire. Si cela se produit, cela veut donc dire qu'il n'y pas suffisamment de spécimens de sexe opposé présents dans la nature, allant à l'encontre d'une supposée invasion de la perruche Alexandre. Plus sérieusement, nous pensons qu'il est important de réaliser des études d'impacts spécifiques à l'île de La Réunion sur ces espèces et sur d'autres... et d'en tenir compte dans les prises de décision. De la même manière, il n'est pas possible de généraliser à notre île un constat effectué à l'autre bout du monde. Par exemple, aucune attaque de perruche à collier n'est connue sur les arbres fruitiers de La Réunion. Cette idée, régulièrement entretenue auprès des agriculteurs conduit à une véritable psychose avec le risque de compromettre l'important projet de réintroduction de la perruche verte des Mascareignes (Psittacula echo), ce qui est totalement contreproductif (avis défavorable de la chambre d'agriculture concernant cette réintroduction). Nous plaidons donc pour une approche mesurée et scientifique concernant les espèces qui pourraient être qualifiées d'invasives. Il n'est pas possible de mettre la nature sous cloche et de vouloir décimer une espèce nouvellement arrivée pour la seule raison idéologique qu'elle est exotique. Encore, faut-il mesurer ses impacts, bons et mauvais avérés, avant de prendre une telle décision. A cette seule condition, li sera aussi possible de concentrer les moyens humains et financiers de luttes contre les espèces invasives présentant un vrai risque pour la biodiversité et l'économie de notre île. Cela éviterait ainsi de mettre les services de l'Etat en difficulté face à la tâche de contrôler les millions d'espèces interdites actuellement et de criminaliser les éleveurs d'oiseaux qui depuis de nombreuses années ont été soucieux de se conformer à la loi. A ce sujet, nous regrettons l'amalgame qui est fait entre les éleveurs responsables, qui représentent la très grande majorité des passionnés d'oiseaux et les éleveurs «marrons »qui échappent à tout contrôle.   Depuis plusieurs années les différents clubs d'oiseaux de La Réunion ont travaillé à ramener la deuxième catégorie vers la première, avec une certaine réussite, en encourageant et en accompagnant les éleveurs amateurs à passer leur certificat de capacité. Malheureusement, depuis l'arrêté du 28 juin 2021, la confiance semble avoir disparu, laissant libre recours à des pratiques préjudiciables à notre passion. Nous tenons également à rappeler que, dès 2020, nous avions alerté sur de probables relâchés de perruches à collier si le projet d'arrêté sur les espèces invasives n'était pas remanié. Nos craintes se sont malheureusement avérées exactes. Car juste après la publication de l'arrêté du 28 juin 2021, la peur d'être contrôlé, de payer une amende, d'être dénoncé par les voisins, l'impossibilité d'envoyer financièrement ses oiseaux hors du département ou encore le rejet moral de « détruire » les spécimens détenus ont conduit immanquablement à cette situation prévisible. Nous pensons que l'essentiel du cheptel de perruches à collier présent dans le milieu naturel provient de ces relâchés intempestifs intervenus fin 2021/début 2022. Vu sous cet angle, nous sommes collectivement face à un échec. Nous savons aussi que peu de personnes ont déclaré leurs perruches à collier, solution offerte par l'arrêté, par peur du contrôle et par perte de confiance dans le système récemment mis en place. Le discours du «mettez-vous en conformité» était audible et compris. Le discours du «tout est interdit» ne l'est plus. Beaucoup d'éleveurs, qui auraient pu rentrer dans les rangs, préfèrent maintenant rester sous les radars pour ne pas avoir de problèmes. Autre élément à ne pas négliger sur notre territoire et qui pourrait expliquer le foisonnement de plus en plus important des annonces de ventes de perruche à collier sur les réseaux sociaux en 2022, 2023 et début 2024 : el taux de pauvreté de 35,6% à l'île de La Réunion (cf. LES CHIFFRES CLES de la DEETS, édition 2023). En effet, l'impossibilité dorénavant de se procurer des perruches à collier de manière légale a provoqué un renchérissement du prix de ces dernière sur el marché noir. Ce faisant, «l'intérêt» d'élever cette espèce facile «au fond de la cour» pour en retirer un revenu complémentaire s'est accru auprès d’une population fortement paupérisée. Tout ce qui est rare est cher. Un nouvel effet d'aubaine s'est créé, c'est indiscutable et extrêmement dommageable. La proposition de recourir à la délation n'y changera rien. L'enjeu pour les prochaines années est donc de savoir si nous devons aller vers plus de répression ou vers plus de concertation citoyenne dans le cadre de la politique de préservation de notre biodiversité commune. Nous ne prétendons pas avoir les solutions à tous les problèmes, mais nous savons que les seules politiques de préservation de la biodiversité qui fonctionnent sont celles qui associent réellement la population locale en créant un sentiment fort d'adhésion commun. Sans cette adhésion, rien n'est possible. Dans l'état actuel des choses, force est de constater que nous allons de mal en pis. Pour finir, nous vous demandons de prendre en compte les modes et conditions de vie des habitants de l'île de La Réunion et leur approche de al nature qui peut être différente de celle des «prescripteurs »et des décideurs. Cela évitera aussi d'aborder la préservation de la biodiversité par le seul prisme de la préservation de la biodiversité qui, malgré la bonne volonté évidente, est forgée bien souvent à partir de la propre éducation et des seules expériences des personnes intervenant directement sur le sujet, en ignorant celles des autres. Dans le cas présent, celles des locaux. Dans l'espoir d'être associé aux débats sur le sujet complexe de la protection de la biodiversité Réunionnaise et pour construire, ensemble, une méthode qui nous est propre et qui fonctionne. Nous vous prions d'agréer, Monsieur el Préfet, l'expression de  nos sentiments distingués.    Amicale Perroquet Réunion  Association Réunion Biodiversité


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