Sauvons la Forêt de Taillard

LUG

/ #1429 LES "DELIRES" DE L' ADEME...(suite)

2015-05-21 12:42

Suite du chapitre 5 sur les calculs de coûts ...

L' indépendance énergétique mise à mal :

Pour rappel, la France est actuellement la première exportatrice d' électricité au niveau européen, et les autres pays comptent largement sur notre production pour équilibrer leur rapport offre/demande, en particulier l' Allemagne.

Dans le scénario 100 % EnR de l' ADEME, la puissance de stockage de référence atteint 36 GW ; la puissance des productions intermittentes annoncée est de 170 GW. Le seul stockage électrique ne suffit donc pas à assurer l' équilibre entre demande et offre. Il faut y ajouter des flux d' une puissance de 10 GW d' import-export, absolument indispensables pour atteindre cet équilibre, selon les heures, les jours ou les saisons. Or ces importations feront massivement appel à des centrales à combustibles fossiles (donc émission de GES), selon les pays fournisseurs, la plupart n' envisageant pas la fermeture de ces centrales : c' est donc très hypocrite de ne pas en tenir compte ouvertement, et c' est déplacer le problème des GES au lieu de le résoudre...

Mais notons aussi l' importance de ces importations sur une année : il est question de 56 TWh, soit 13 % de la consommation totale du pays. Notre indépendance énergétique est donc mise à mal. Mais l' ADEME compense ces importations par des exportations d' électricité "renouvelable" équivalente, en supposant un bilan commercial nul (montant des exportations équilibrant le mt. des importations). Là où "le bât blesse", c' est que c' est impossible : les exportations seront faites à des heures de forte production intermittente, qu' auront aussi, au même moment, tous les pays mitoyens, affectés à priori par des conditions météo semblables ; inversement, les importations auront lieu à des moments de forte demande européenne, par ex. des nuits d' hiver très froides avec un puissant anticyclone. Or, on sait que les prix sur le marché EPEX-Spot sont fonction du rapport offre/demande, donc la France paiera un coût maximal pour ses importations, et vendra à un niveau très bas voire même négatif...

Il faut en profiter pour se pencher sur l' hypothèse d' une vague de froid historique, que l' ADEME évoque page 78 : à noter toutefois que l' on se garde de définir exactement la dite "vague de froid", avec des températures de référence, une durée, et une extension géographique au sens européen... Là-dessus, l' ADEME établit 7 scenari différents, pour démontrer qu' entre déstockage, pilotage de la demande et importations, il n' y a pas de problème... sauf pour le 7ème scénario qui fait apparaître un risque avoué de défaillance ! (donc en clair, un "black-out").

L' optimisme déraisonnable de l' ADEME :

Si l' on récapitule, compte-tenu des quantités d' électricité stockées, l' ADEME aboutit à un coût annuel du stockage de l' ordre de 5,5 milliards d' euros ; les calculs de SLC le situent plutôt entre 11,5 et 20,3 milliards.

Hors stockage, l' ADEME estime à 26 milliards le coût total de la production, que SLC corrige à 33 milliards d' euros. En ajoutant le coût du stockage, l' ADEME atteint donc 31,5 milliards, et SLC une fourchette entre 44,5 et 53,5 milliards d' euros...

Ramené à une production de 482 TWh, le coût moyen est de 54 euros/MWh pour l' ADEME, et 68 euros/MWh pour SLC, hors stockage. Si l' on ajoute les coûts de stockage, l' ADEME table sur 65 euros/MWh, et SLC présente une fourchette de 93 à 111 euros/MWh, ce qui correspond pour l' évaluation ADEME à une sous estimation de 43 à 71 % du coût de production électrique ! Et il faut ajouter que ces chiffres n' intègrent ni les coûts de transport de l' électricité, ni les incidences de coûts des "délestages pilotés" !

Le nucléaire en toile de fond :

Les responsables de l' ADEME sont si peu sûrs de leurs démonstrations, qu' ils ont préféré présenter, à côté de l' hypothèse 100 % renouvelable, trois autres cas de figure :

- 95 % EnR, donc reste 5 % conventionnel,

- 80 % EnR, donc 20 % conventionnel,

- 40 % EnR, donc 60 % conventionnel, 50 % nucléaire et 10 % thermique à flamme.

C' est surtout cette dernière hypothèse qui mérite la confrontation avec le 100 % EnR, car elle correspond aux objectifs gouvernementaux pour 2030, voire au-delà... Ce scénario est soigneusement analysé par les "experts" de l' ADEME, car ils veulent en tirer la démonstration que la sortie du nucléaire et des énergies fossiles est possible, et à coût compétitif. Cependant, on a vu que le scénario 100 % EnR sous estimait largement les coûts, selon les recalculs de SLC.

Pour le scénario 40 % EnR, il n' y a plus besoin de stockage inter-saisonnier, et le stockage de courte durée peut être limité à une puissance de 2,2 GW, largement couverte par les STEP. Mais l' ADEME prend un coût du nucléaire à 80 euros/MWh, alors que le coût retenu par la Cour des Comptes est de 60 euros/MWh. Même en étant conscient des déboires de l' EPR, le chiffre annoncé par l' ADEME paraît excessif, et aboutit pour ce scénario à un coût global du MWh de 71 euros, SLC aboutissant pour sa part à 64 euros. 

Mais que l' on retienne pour ce scénario le chiffre ADEME ou sa correction SLC, on est en tous cas très en-dessous de la fourchette 93/111 euros/MWh du 100 % EnR !!! En 2050, le maintien d' une part significative de nucléaire représente donc à la fois UNE SECURITE D' APPROVISIONNEMENT ET UN GAIN D' AU MOINS 30 % SUR LE PRIX DE L' ELECTRICITE A LA PRODUCTION...




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