Sauvons la Forêt de Taillard

LUG

/ #2193 COMMENTAIRES SUR LE BILAN ELECTRIQUE DE LA REGION AURA, 2015, PUBLIE PAR RTE... (suite et fin)

2016-04-21 08:57

LA VERITE SUR LA DERIVE FINANCIERE DE LA SURPRODUCTION ET DE LA MONTEE DES EnR, PASSEE SOUS SILENCE PAR RTE : 

Avant d' évoquer cette question capitale, il faut préciser les différents types de coûts et prix afférents à la production électrique. On peut distinguer trois "familles" de coûts / prix :

- les prix de vente aux consommateurs : ils sont tellement nombreux et variés, selon les types de consommateurs, les puissances de distribution, la variété des tarifs, réglementés (ils vont bientôt disparaître), ou pas, que nous n' en parlerons que pour incidence.

- Les prix du marché de gros, dits "EPEX-Spot", qui sont les prix pratiqués dans les transactions commerciales de l' électricité, au niveau des exportations / importations entre pays européens : ces prix sont variables en instantané, au gré de l' offre et de la demande, et leur tendance est à la baisse, vu la stagnation de la consommation et la croissance de la production européenne. Sur l' année 2015, le prix EPEX-Spot des exportations françaises a été en moyenne de 38,5 euros/MWh, mais le premier trimestre 2016 montre un effondrement à 28,7 euros sur la moyenne des trois premier mois...

- Les coûts de revient à la production, et les prix de vente soumis à obligation d' achat, qui concernent toutes les formes de production électrique, et pas seulement les EnR (sauf le nucléaire, monopole de fait d' EDF). Ces prix sont très variables, varient en réalité pour chaque installation productrice pour les coûts de revient, qui sont rarement portés à la connaissance du public, et selon les modes de production et le maquis des contrats de rachat pour les énergies bénéficiaires de l' "obligation de rachat". Sur le sujet, nous nous baserons donc sur les chiffres moyens publiés par la CRE et repris par exemple par la "Fondation IFRAP"...

La surproduction régionale AURA et ses incidences aux exportations :

Les données du "bilan régional RTE" montrent une surproduction électrique globale de 60,2 TWh, soit 49,5% de la production. Selon ce même bilan, le solde des exportations inter-régionales serait de 34,3 TWh, essentiellement des livraisons massives vers la région Languedoc - Midi - Pyrénées, et moins nettement vers PACA. Mais AURA vend également une part de sa production aux exportations, vers l' Italie surtout, et secondairement vers la Suisse, pour un total de 16,7 TWh. Si on comptabilise le total, on constate que 9,2 TWh se sont évaporés, ni exportés vers l' étranger ou les autres régions, ni consommés localement : s' agit-il de "pertes en ligne", ce qui serait beaucoup, ou d' incohérence des données fournies par RTE ?

Ce qui est intéressant, c' est ce que coûtent ces exportations vers nos voisins européens, car il y a bien entendu un déficit qui résulte de la faiblesse des prix de marché : si on se base sur un prix moyen de production du "mix électrique" calculé par la CRE et repris par F. IFRAP, soit 45 euros du MWh en arrondissant, le manque à gagner est de 6,5 euros/MWh (45 moins 38,5). On aboutit donc à une perte globale de 108 millions d' euros pour l' année 2015... (16,7x6,5x1 000 000). Cependant, si on appliquait des chiffres issus de la tendance à la baisse des prix de gros en 2016, on perdrait 16,3 euros/MWh et le total serait alors une perte annuelle de 272 millions d' euros en extrapolant les mêmes chiffres d' exportations...

Le surcoût phénoménal des EnR dans le bilan régional :

Lorsqu' on se base sur le tarif moyen lié aux obligations d' achat, force est de constater que c' est variable selon les formes de production, en reprenant les chiffres 2015 de la CRE qui gère cette question : le solaire est le plus cher, 390,6 euros/MWh en moyenne, les bioénergies viennent ensuite avec une moyenne de 100 euros/MWh, et l' éolien avec 90,6 euros.

Par rapport à un coût de production de base de 45 euros/MWh (chiffre CRE et F - IFRAP) cela fait un surcoût de 55 euros pour le MWh de bioénergie, mais cela contribue aussi à éliminer des déchets polluants, ordures ménagères, résidus industriels ou agricoles ; le surcoût est 345,6 euros pour le MWh solaire, c' est le plus cher, mais il évolue à la baisse avec de nouveaux contrats d' offre ; enfin le MWh éolien a un surcoût de 45,6 euros. Si l' on applique ces chiffres de surcoût aux données de production du rapport RTE régional, le solaire a surcoûté 271 millions d' euros en 2015, les bioénergies 46 millions d' euros, et l' éolien 36 millions d' euros. Le total du surcoût des EnR dans la région AURA se chiffre donc à 353 millions d' euros !!!

On doit tout de même ajouter que le développement accentué de ces EnR contribue toujours plus à une surproduction pléthorique, lorsqu' il ne s' accompagne pas d' une réduction de la production dans les secteurs traditionnels, thermique classique (il n' y en a presque plus en AURA, donc rien à fermer) ou nucléaire (aucune centrale dont la fermeture ait été évoquée à ce jour...) Ainsi les prix de gros poursuivront leur baisse, comme en ce début d' année, prenant de l' argent dans la poche des consommateurs (55 millions d' euros de CSPE à peu près), le reste accentuant le colossal déficit d' EDF... 

CONCLUSION : Où est la sagesse pour une politique énergétique régionale ?

Force est de constater que notre région produit de l' électricité à profusion, grâce à sa situation exceptionnelle du point de vue hydraulique que nucléaire (aucune de nos 4 centrales n' étant à terme prévisible concernée par une fermeture). Nous fournissons largement de l' électricité à nos voisins, régionaux et pays étrangers. Les chiffres publiés par RTE montrent, au-delà de certaines erreurs, que nous sommes déjà en excellente position du point de vue des EnR, ayant pratiquement atteint les objectifs 2030. La course contestée et coûteuse aux énergies intermittentes n' est donc plus de mise : elle s' insère mal sur les réseaux, qu' il faut renforcer à grands frais, entraîne une surproduction accentuée qui tire les prix de gros vers le bas et obère ainsi les finances publiques et privées. C' est aussi un paradoxe non chiffré qu' il faille de plus en plus souvent réduire la production hydraulique ou nucléaire pour faire de la place aux intermittentes !

Il est donc urgent de revenir à des aspects fondamentaux : d' abord réduire les consommations électriques par une politique volontariste d' économie d' énergie, qui serait créatrice d' emplois locaux ; ensuite, prioriser les productions énergétiques bien insérées dans les économies et les paysages locaux comme la filière bioénergie/bois, qui a l' avantage de valoriser les déchets en plus de produire de l' électricité ou du gaz, ou encore le petit hydroélectrique et la géothermie là où ils sont possibles (il y a des sites en AURA). 

Et surtout, il ne faut pas perdre de vue les données économiques et financières, c' est le marché qui commande, et à l' avoir trop ignoré, on voit aujourd' hui les résultats catastrophiques des politiques de "gribouilles"...




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