Contre le déménagement forcé de l'Ecole de Beaux-Arts de Tours

Je tenais à réagir.
Effectivement, ayant étudié à Tours, je ne vois pas comment un étudiant en école d'Art peut développer son projet avec aisance dans de telles conditions, inadaptées, dans des locaux si réduits !
L'ambitieuse motivation qui pousse à créer un site d'art contemporain risque fortement d'encourir au cloisonnement de l'enseignement artistique - déjà parfois perçu comme une entité hermétique voire une élite intellectuelle formatée - et de radicalement occulter la jeune création contemporaine du paysage culturel tourangeau, mais aussi de la freiner dans son épanouissement et dans sa pleine expressivité. Là est le paradoxe ! Promouvoir une image d'accueil sur une ville ouverte à la culture, accessible, pour mieux murer un enseignement qui a besoin de SON espace, habilité, afin de maintenir, de transmettre et de régénérer l'Art lui-même. Les étudiants d'aujourd'hui sont les artistes de demain.
Au-delà des mauvaises conditions et de l'inadaptation des locaux, ce qui est tout aussi désolant dans ce projet est l'affaiblissement des rapports sociaux - pouvant être suscité à la suite d'un déménagement forcé - en écartant les actions d'une école sur son environnement, au profit d'une utopie économique. L'enseignement artistique comprend avant tout des relations humaines internes mais aussi externes. Les étudiants puisent leurs sources et s'inspirent de ce qui les environne, du lieu qui leur est dédié, des rues dessinées autour, des commerces qui les bordent, de la foule où ils se perdent, des relations qu'ils créent avec les individus qu'ils rencontrent, de ce qu'ils voient, ressentent, entendent.... Bien qu'une école d'Art puisse fonctionner en réseau interne, elle n'est pourtant pas un microcosme fermé sur lui-même. L'étudiant, futur professionnel dans le domaine de l'Art, ne se concentre pas uniquement sur une attitude introspective ni ne se repose sur une certaine passivité, il est dans l'action, a donc besoin de l'extérieur, d'un réseau externe, de tisser des relations. La proximité est nécessaire.
Un déménagement forcé vers des conditions déplorables tend à déprécier l'enseignement artistique et les étudiants qui s'y attachent.