Ne laissons pas brader la santé des femmes


Visiteur

/ #69 En réponse à votre CDP

2013-12-21 10:58

Bonjour,

Sage-Femme depuis 2007 et gréviste depuis le 16/10/2013, vous comprendrez que je ne pouvais pas laisser sans réponse votre article pour le moins infondé et diffamatoire à l'encontre de l'ensemble de la profession de sage-femme.

A la lecture de votre article ne me vient qu'une seule explication. Vous avez du être mal informé. Ou bien peut-être n'avez vous pas cherché à savoir exactement ce qu'est le métier de sage-femme. Peut-être n'avez vous pas trouvé les informations dont vous aviez besoin avant d'écrire ces mots désobligeants pour les sages-femmes que vous côtoyez. Je ne vois pas d'autre explication.

Afin de compléter la bibliographie utile à la rédaction de votre article, je me permets quelques suggestions. Je reprendrais donc certains de vos propos, et mettrais en parallèle les références appropriées.

"Les Sages-femmes ne peuvent pas avoir la compétence, après 4 ans d’études en maïeutique, pour différencier une situation normale d’une situation pathologique que ce soit en situation de première consultation gynécologique, de choix contraceptif, de prise en charge de toute pathologie et d’un suivi gynécologique."

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La sage-femme est une profession médicale dont les rôles et compétences sont définies dans le Livre 1er « Professions médicales » de la Quatrième Partie du Code de la Santé Publique, tout comme les professions de médecin et de chirurgien-dentiste.

Article L.4151-1 du CSP
L'exercice de la profession de sage-femme comporte la pratique des actes nécessaires au diagnostic, à la surveillance de la grossesse et à la préparation psychoprophylactique à l'accouchement, ainsi qu'à la surveillance et à la pratique de l'accouchement et des soins postnataux en ce qui concerne la mère et l'enfant, sous réserve des dispositions des articles L. 4151-2 à L. 4151-4 et suivant les modalités fixées par le code de déontologie de la profession, mentionné à l'article L. 4127-1.
L'examen postnatal peut être pratiqué par une sage-femme si la grossesse a été normale et si l'accouchement a été eutocique.

L'exercice de la profession de sage-femme peut comporter également la réalisation de consultations de contraception et de suivi gynécologique de prévention, sous réserve que la sage-femme adresse la femme à un médecin en cas de situation pathologique.

Les sages-femmes sont autorisées à concourir aux activités d'assistance médicale à la procréation, dans des conditions fixées par décret.

Article R4127-318 du CSP
I.-Pour l'exercice des compétences qui lui sont dévolues par l'article L. 4151-1 :

1° La sage-femme est autorisée à pratiquer l'ensemble des actes cliniques et techniques nécessaires au suivi et à la surveillance des situations non pathologiques et au dépistage de pathologie, concernant :

a) Les femmes à l'occasion du suivi gynécologique de prévention et de la réalisation de consultations de contraception ;

b) Les femmes pendant la grossesse, l'accouchement et durant la période postnatale ;

c) Le fœtus ;

d) Le nouveau-né ;

2° La sage-femme est notamment autorisée à pratiquer :

a) L'échographie gynéco-obstétricale ;

b) L'anesthésie locale au cours de l'accouchement ;

c) L'épisiotomie, la réfection de l'épisiotomie non compliquée et la restauration immédiate des déchirures superficielles du périnée ;

d) La délivrance artificielle et la révision utérine ; en cas de besoin, la demande d'anesthésie auprès du médecin anesthésiste-réanimateur peut être faite par la sage-femme ;

e) La réanimation du nouveau-né dans l'attente du médecin ;

f) Le dépistage des troubles neuro-sensoriels du nouveau-né ;

g) L'insertion, le suivi et le retrait des dispositifs intra-utérins et des implants contraceptifs ;

h) La rééducation périnéo-sphinctérienne en cas de troubles consécutifs à un accouchement ;

i) Des actes d'acupuncture, sous réserve que la sage-femme possède un diplôme d'acupuncture délivré par une université de médecine et figurant sur une liste arrêtée par les ministres chargés de la santé et de l'enseignement supérieur, ou un titre de formation équivalent l'autorisant à pratiquer ces actes dans un Etat membre de la Communauté européenne ou partie à l'accord sur l'Espace économique européen.


"Seuls les médecins sont formés correctement à cette prise en charge globale de la santé : leurs 10 à 12 ans d’études en situation clinique, leur formation théorique complète et leur implication quotidienne dans la formation médicale continue sont les gages de la qualité trouvée auprès de la gynécologie médicale Française pour laquelle les femmes se sont longtemps battues."

----> cf ci-dessus.
En lisant ce paragraphe, on pourrait croire que vous sous-estimez la formation continue chez les sages-femmes. J'imagine que ce n'est pas votre intention.
Dans le doute:
Article R4127-304
La sage-femme a l'obligation d'entretenir et de perfectionner ses connaissances professionnelles, dans le respect de l'obligation de développement professionnel continu prévue par les articles L. 4153-1 et L. 4153-2.

Dans le cadre de son exercice professionnel, la sage-femme a le devoir de contribuer à la formation des étudiants sages-femmes et de ses pairs.



"La Fédération Nationale des Collèges de Gynécologie Médicale s’inquiète de la dégradation attendue de la qualité des soins en raison du remplacement progressif des médecins spécialistes par des sages-femmes notamment dans les hôpitaux ne laissant plus aux femmes le choix de la qualité de leur prise en charge."
---> Pourriez-vous me donner les références sur lesquelles vous vous appuyez pour tenir ces propos ?

Voici celles que vous auriez pu utiliser:

- Extrait de la revue de la Cochrane Database (Gold Standard des études scientifiques basées sur des preuves) en 2013, démontrant que « quand les sages-femmes ont été les principaux fournisseurs de soins tout au long [de la grossesse], les femmes étaient moins susceptibles d’accoucher avant 37 semaines ou de perdre leur bébé avant 24 semaines. Les femmes étaient plus susceptibles d’accoucher sans péridurale, moins de naissances assistées [forceps ou ventouse], et moins d’épisiotomies ».

- Le rapport de la Cour des Comptes en 2011 reconnaît (Rapport de la Cour des Comptes, chapitre VI : le rôle des sages-femmes dans le système de soins, page 173 – 198) que les sages-femmes peuvent assurer un suivi global, respectueux de la physiologie et des usagers, avec une médicalisation à bon escient et des prescriptions parcimonieuses tout au long du suivi de la grossesse, de l'accouchement, du post-natal et du suivi gynécologique.





Je ne vous en veux pas. Vous ne connaissez pas notre profession. Votre seul tort est peut-être de ne pas vous être renseigné.

Fort heureusement les gynécoloques-obstétriciens avec qui je travaille chaque jour ne sont pas de votre avis, et pour cela je les en remercie. Merci de leur soutien au quotidien ( un quotidien pas toujours facile ).

Oui, sage-femme est une profession médicale, c'est écrit dans la loi. Nous demandons juste le statut adéquat à la réalité de notre travail.

Non, médicale ne veut pas dire médecin, et personne ne fait cette confusion.

Oui, nous refuserons désormais d'avoir les inconvénients d'un double statut: médical dans nos compétences, responsabilités et risque médico-légal encouru au quotidien, mais non médical dans notre positionnement à l'hôpital et dans la reconnaissance financière.



Votre article aura au moins le mérite de montrer que la profession de sage-femme est méconnue. Et c'est bien pour cela que nous nous battons. Afin que de tels propos ne trouvent plus leur public.



Je vous serais reconnaissante de publier ma réponse.





Florence Lemaire, sage-femme à l’Hôpital Necker Enfants Malades, Paris.