Refus catégorique d'une faculté de pharmacie privée en Tunisie

SAYED MILEDI

/ #44 Non à une faculté privée de pharmacie !!

2011-06-17 23:38


Suite aux déclarations de Mr. Bouebdelli dans une station radio privée le 30-03-2011 dans lesquelles il a exprimé son désir de créer une faculté privée de pharmacie: la procédure fait selon lui des pas énormes sans aucune prise de position claire de la part de l’autorités de tutelle(ministère de l’enseignement); Les étudiants, les internes et les résidents ont exprimés leurs refus catégorique vis à vis cette tentative de privatisation à travers une manifestation pacifique dans la faculté le 29-04-2011.

Nous avons rédigé une pétition, signée par la majorité du corps estudiantin (des étudiants, internes et résidents), pour dénoncer ces déclarations. Elle a été envoyée au ministère de l’enseignement supérieur et la recherche scientifique.

On considère que le principe de la faculté privée est un crime contre le mérite et un antécédent dangereux pour le secteur pharmaceutique en particulier et pour le secteur sanitaire en général pour plusieurs raisons :



• L’accès à la faculté de pharmacie de Monastir se fait selon un ordre de mérite, déterminé en se basant sur le score obtenu lors de l’épreuve nationale du baccalauréat. Par contre, l’accès à la faculté privée se fait en payant les frais des études.



• La faculté privée augmentera le nombre de pharmacien chômeurs en Tunisie :



En effet, au mois de mars 2011, le corps pharmaceutique compte parmi ses inscrits à l’ordre, 745 pharmaciens chômeurs pour 4458 diplômés soit le 1/6ème des diplômés.

De plus, on est à 350 étudiants en première année pharmacie et on a plus de 120 diplômés venant de l’étranger.

Donc, la faculté de pharmacie de Monastir couvre largement les besoins du marché tunisien qui est déjà saturé.

La création de faculté privée est contraire au principe de l’adéquation formation-emploi et elle aggravera le problème du chômage qui est l’un des problèmes fondamentaux de la société tunisienne.





• La création de la faculté nuira à la qualité des études pharmaceutiques :



La loi qui régit l’enseignement privée est floue, elle ne fixe pas les critères d’admission pour intégrer les facultés.

Et par conséquence, il y aura des répercussions sur le niveau académique des diplômés et sur la profession pharmaceutique



En plus, on ne peut pas confier les études médicales, qui ont une dimension éthique, déontologique et humaine, à une institution à but lucratif, d’ailleurs, dans des pays comme la France ou les USA, l’enseignement dans ce domaine demeure étatique.



• La privatisation de l’enseignement peut nuire à la qualité de l’enseignement étatique, tel est l’exemple du Liban pour qui l'enseignement étatique est délaissé par faute de moyens.



• Une faculté privée viole le principe d’égalité des chances :



La gratuité de l’enseignement est un acquis très cher pour la Tunisie, un acquis qui l’a permis d’avoir le taux d’analphabétisme le plus bas en Afrique et dans le monde arabe, un acquis qui a permis l’accès à l’éducation indépendamment de la classe sociale.

Le niveau de vie moyen de la plupart des tunisiens ne permet pas l’accès à des facultés privées et dans ce cas, on risque de passer de l’élitisme intellectuelle à l’élitisme socio-économique.



• Une faculté privée de pharmacie ne résoudra pas le problème de fuite de devise :



Faire des études à l’étranger relève de la liberté individuelle : on ne peut pas empêcher les gens d’aller étudier à l’étranger.

On ne va pas résoudre le problème de devise par un autre encore plus grave : un vrai concours d’équivalence, avec quota qui fixera le nombre de diplômés chaque année en accord avec les besoins du marcher tunisien, peut diminuer le nombre d’étudiants chaque année.

On peut opter pour un numerus clausus pour les étudiants à l’instar de la France.



Dans le souci de protéger notre chère profession, nous appelons les membres du bureau du CNOPT à réagir face à cette tentative de commercialisation de notre diplôme.


Bureau de l’UGET de la faculté de pharmacie de Monastir.