Epad: «Jean Sarkozy est en 2e année de droit, c’est un élément fort...»
Laurent Fabius a ironisé, ce lundi, sur la probable nomination du fils du président de la République à la tête de l'établissement gérant La Défense. Tout le week-end, la gauche a critiqué «une nomination népotique».
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Par Libération.fr
Jean Sarkozy à Seignosse, au camp d'été de l'UMP, le 5 septembre (REUTERS)
«Je voudrais vraiment prendre la défense de Jean Sarkozy». Tiens? Alors que l’ascension éclair du fils du président de la République jusqu’à la direction de l’Etablissement public d’aménagement de La Défense (Epad) a fait le tour des interview politiques du week-end, voilà que Laurent Fabius trouve la critique à l’égard du jeune conseiller général UMP assez «injuste»? Et l’ex-Premier ministre (PS) de livrer, ce lundi matin sur France inter, un plaidoyer très ironique. Pour diriger «le plus grand quartier d’affaire d’Europe», «on a besoin d’un très bon juriste. M. Sarkozy est en deuxième année de droit, c’est un élément fort.» Sans compter qu’en matière de connaissance «des affaires», Jean Sarkozy «peut avoir quelques prédispositions.» Pince-sans-rire, Fabius ajoute: «M.Hirsch a présenté un plan pour la promotion des jeunes. Je suis sûr que c’est dans ce cadre que sa nomination est faite...»
Laurent Fabius - France Inter envoyé par france inter
Tout le week-end, la gauche s’est indignée de la candidature de Jean Sarkozy, avec le soutien de la majorité (UMP-NC) des Hauts-de-Seine. Pourquoi se priver? Tout y est. Un cas flagrant de «nomination népotique» selon une députée PS: le fils du Président, 23 ans seulement, élu conseiller général UMP en mars 2008, recevrait sur un plateau la présidence de la structure gérant l’un des principaux quartiers d’affaires d’Europe. Un cadre symbolique: les Hauts-de-Seine, haut-lieu du sarkozysme, où le père a démarré sa carrière et qu’il surveille comme le lait sur le feu.
«Le coffre-fort des Hauts-de-Seine»
Parlant d'une nomination «insupportable», le député PS de l’Essonne, Manuel Valls, dénonce, sur RTL, «une reprise en main du clan Sarkozy» sur «le coffre-fort que représente le département». Et suggère une comparaison flatteuse: «si Silvio Berlusconi mettait ses enfants à la tête d’établissements publics, qu’est-ce qu’on dirait et à juste titre, sur cette attitude»?
Embrayant, sur RMC, sur une «prise de guerre clanique et familiale», Arnaud Montebourg panique: «Il n’y a plus aucune limite, on peut tout se permettre, il n’y a plus de principes ni de règles». Le député de Saône-et-Loire condamne «le privilège de naissance, c’est parce qu’il s’appelle Sarkozy qu’on nommerait un étudiant en droit de 2e année à la tête de l’Epad? Ca n’a aucun sens, c’est la destruction de l’esprit de la République.»
"Le privilège de naissance" de Jean Sarkozy...
envoyé par bourdinandco
«Beaucoup, pour un aussi jeune homme»
Invité du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI, Ségolène Royal s’adresse d’abord au père pour lui faire une petite leçon de République: «La République, c’est quoi ? C’est la reconnaissance des places de chacun en fonction de ses mérites propres, pas en fonction du nom qu’il porte». Façon de dire qu’on n’est quelque peu sorti de la définition: Si Jean Sarkozy «ne portait pas le nom qu’il porte, est-ce qu’il serait à la place à laquelle il est aujourd’hui ?» L’ex-rivale de Sarkozy à la présidentielle fait aussi allusion aux «enjeux», selon elle, de cette nomination: «ça peut toujours servir avant une prochaine élection présidentielle, si vous voyez ce que je veux dire, de détenir ainsi des clefs et de brasser des milliards d’euros.» Et de faire mine de s’inquiéter pour les épaules du fils: «C’est beaucoup, beaucoup, pour un aussi jeune homme, mais peut-être fera-t-il ses preuves comme son papa l'attend de lui ?»
Ségolène Royal au Grand Jury RTL LCI
envoyé par segolene-royal
Rappelant l'âge et l'inexpérience d'un Jean Sarkozy «sans aucune compétence particulière», François Bayrou prend, lui, cet exemple, dans un entretien au Monde daté de dimanche-lundi, pour alerter sur le côté Empire romain de la République à la manière Sarkozy: «Tous les piliers solides sur lesquels notre pays s’était construit, en termes de principes, de décence, de raison, chancellent et s’effritent.»
«Tout le monde plie parce qu’il a le nom qu’il a», s’agace Cécile Duflot qui s’inquiète, sur France Info, de l’image de la France donné par ce type de piston: «Dès qu’on sort des limites de l’Hexagone, les gens trouvent ça juste invraisemblable, inouï. Inouï que le fils du président de la République, à 23 ans, puisse devenir président d’un établissement public avec un (tel) budget».
«Plus de talent que son père à son âge»
Pourprendre sa défense, Jean Sarkozy peut toujours compter sur Patrick Balkany, député-maire UMP de Levallois-Perret et ami du Président. Celui-ci pousse très loin le compliment, ce lundi sur RTL: «Moi qui ai connu Nicolas Sarkozy à 22 ans, il avait déjà beaucoup de talent. Et je peux vous dire que Jean Sarkozy, à 23 ans, a peut-être encore plus de talent que n’en avait son père à son âge.»
Quant à Xavier Bertrand, il loue les principes du suffrage universel: «Le début du parcours de Jean Sarkozy est dû à une seule chose : l’élection. [...] Il n’y a rien de plus noble que la confiance des électeurs. Voilà sa légitimité et, aujourd’hui, il veut se consacrer à fond à son département», se félicite le secrétaire général de l’UMP dans un entretien au Parisien.
Rien à redire non plus selon Frédéric Lefebvre: «Le procès d’intention qui est fait aujourd’hui à Nicolas...à Jean Sarkozy est détestable», a-t-il expliqué, avec un lapsus. En guise d’argument, Lefebvre et Dominique Paillé, autre-porte-parole de l’UMP, ont remonté les arbres généalogiques: «Personne n’a été étonné que Martine Aubry, fille de Jacques Delors, fasse de la politique.» Ou encore: «Gilbert Mitterrand, le fils de François Mitterrand a été élu député de Gironde et Louis, le fils de Valéry Giscard d’Estaing, est aujourd’hui élu dans la circonscription que détenait son père.»
Travailleurs sociaux pas besoin de diplômes pour être éducateur, AS ou diriger la FRANCE. Avec du piston tout est possible.