#32: Victoria - Re: Re: Quelle solution ?

Effectivement je me suis très longtemps posée cette question...J'ai failli mourir en accouchant et je fais prendre le même risque à une autre femme pour assouvir mon désir d'enfant...Je peux comprendre votre question et elle a tout son sens dans un tel débat (ce qui n'est pas le cas de tous les messages sur ce forum). J'en ai longuement discuté avec d'autres femmes, mais aussi des médecins, gynécologues et spécialistes de l'aide à la procréation, j'ai également assisté à des colloques sur Paris, des débats autour de ce sujet et j'en ai parlé avec des médecins américains qui suivent des mères porteuses aux Etats-Unis. Ce qui m'est arrivée est un drame mais il est rare. Si j'ai failli mourir c'est parce que les médecins ont essayé de sauver mon utérus (je suis jeune et c'est mon 1er accouchement...l'acte a été difficile psychologiquement pour les médecins, ça leur a posé un cas de conscience). Comme je le dis dans un message précédent on vit très bien sans utérus (il y a même quelques avantages: pas de règles douloureuses, pas de maux de ventre...). L'utérus ne sert qu'à porter un foetus, il n'a aucune autre utilité. Aussi, il est impératif pour nous que la mère porteuse ait déjà ses enfants et qu'elle n'en souhaite pas d'autres. Ainsi, cas extrême et rare, si il y a très forte hémorragie et danger de mort, les médecins ne prendront aucun risque et effectueront l'hystéréctomie. Je rappelle qu'aucune femme n'est obligée de porter l'enfant d'une autre (contrairement à certains arguments de la pétition...les statistiques américaines sont très intéressantes sur ce sujet, les femmes américaines mères porteuses ne sont pas dans le besoin). C'est un  don de soi mais c'est un don avant tout.Je vous rappelle également que le don d'ovules est autorisée en France et pourtant l'acte de prélever un ovule sur une femme peut aussi provoquer une hémorragie et devenir dangereux pour sa vie (je connais quelqu'un à qui c'est arrivé, elle a eu très peur)...mais là j'ai l'impression que ça ne pose aucun cas de conscience à qui que ce soit (la preuve c'est tout à fait légal en France). On aide donc les femmes infertiles en leur donnant l'ovule d'une autre femme pour qu'elle puisse tomber enceinte mais inversement on n'aide pas une femme sans utérus (mais tout aussi malheureuse) à avoir son enfant biologique (avec ses propres gamètes)...où est la justice là dedans??? Ce qui est dommageable en France c'est qu'en interdisant la Gestation pour Autrui on crée encore une France à 2 vitesses: les plus riches vont aux Etats-Unis où le coût est important mais les femmes y sont très bien suivies et le risque moindre. Et les plus pauvres vont en Ukraine ou en Inde (où là effectivement c'est un véritable drame pour les femmes qui font mères porteuses uniquement pour survivre financièrement et qui ont un suivi médical pitoyable avec des suites de couche très difficiles). Et au milieu de tout ça, il y a la France moyenne: beaucoup de couples dans notre situation n'ont pas assez d'argent pour aller au Etats-Unis mais ils ne souhaitent pas non plus aller en Inde pour faire prendre des risques à ces femmes dans le besoin. C'est pour ces raisons (et bien d'autres encore) que nous nous battons pour que cela change en France. Il faut bien évidemment que cette pratique soit très bien cadrée avec un suivi psychologique et médical très pointu pour la mère porteuse mais aussi pour son conjoint et ses enfants (je rappelle que c'est un projet familial pour eux aussi). Il faut des conditions d'accès également très bien définis: femmes sans utérus ou ayant une malformation, et non pas pour des femmes qui ne veulent pas tomber enceinte car elles ne veulent pas grossir...Il y a beaucoup de travail dans ce domaine mais c'est FAISABLE et surtout SOUHAITABLE pour tous ces couples qui vivent un double malheur: ne pas pouvoir porter son propre bébé (c'est très douloureux pour une mère) et ne pas être aidé par son pays (ce qui oblige à vivre dans l'illégalité, comme si nous avions commis un crime). Nous attendons, ne serait-ce qu'une petite ouverture lors des prochains débats politiques. La route est longue mais elle est nécessaire pour qu'elle soit bien faite et sur ce point je pense qu'on est tous d'accord...Je peux encore en échanger avec vous si vous avez d'autres questions. Cordialement.

#34: - Re: Re: Re: Quelle solution ?

A vous aussi, je dirais ceci :

Avoir un enfant n'a jamais été une question d'argent ! Avoir un enfant, c'est simplement faire un don de soi, simplement faire don de son amour...! Antoine HAKIM-GED