Manifeste affirmant le caractère un et divers de la langue d'Oc

Quoted post

Ive Gourgaud

#133 Re: Re: Re: Re: Re:

2012-09-08 18:39

#131: DanièlOlivar - Re: Re: Re: Re:

Monsieur,

vos 2 dernières interventions (à vrai dire ne s'adressant pas à moi) sont sobres et me semblent pertinentes: comme quoi il suffit d'abaisser le ton pour se comprendre mieux.

Vous dites que votre graphie est "classique" et vous avez bien le droit de la ressentir comme telle, mais d'un point de vue mistralien ça n'est pas si évident, car pour nous la graphie "classique" de la langue, c'est bien celle de Mistral, celle de milliers d'ouvrages et celle surtout du prix Nobel de Littérature.

On continue de dire "occitane" pour votre graphie parce qu'elle a été établie (ou rétablie) en Languedoc par Estieu-Perbosc, qui d'ailleurs, eux aussi, opposaient "occitan" et "provençal" (j'avais la preuve écrite de cela, mais ça venait d'où?)

Reprenons d'ailleurs tout ce que dit le Trésor à propos des mots "OCCITAN" et "OCCITANIE": comme souvent, on y retrouve ce qu'on y cherche (c'était son côté "tout le monde a raison", c'est souvent agaçant mais bon ça n'a pas trop mal réussi au Félibrige) Je mets en gros caractères ce qui va dans mon sens, à savoir que Mistral considérait surtout ces mots comme équivalents de LANGUEDOCIEN et LANGUEDOC:

OUCITAN, OUCCITAN (l.), t(erme) LITTERAIRE. Occitain, Occitanien, LANGUEDOCIEN, Méridional.

OUCITANIO, OUCITANIE, OUCCITANIO, Occitanie, nom par lequel les LETTRES désignent QUELQUEFOIS le Midi de la France ET EN PARTICULIER LE LANGUEDOC.

Voilà notre réalité du point de vue mistralien, et quand Philippe me fait ironiquement remarquer que quand on se réclame de Mistral il faut tout prendre (à propos de sa position unitariste LA langue d'oc), je réponds (sans ironie, pour le coup) que chez Mistral on est à l'auberge espagnole, surtout en matière de linguistique!

Si je lis le TDF de mon point de vue, j'ai: "occitan" = languedocien, et "Occitanie", mot de lettrés (donc, d'intellos coupés des réalités de terrain) employé de façon un peu erratique ("quelquefois") pour désigner ce que les gens normaux disent "Languedoc". Un truc de rigolos, quoi. (bon, vous voyez bien que je tords assez violemment le bâton dans mon sens, mais enfin mon explication de mots se tient)

Si je suis occitaniste, je lis: "occitan"= méridional (homme d'oc, donc), et "Occitanie" = Midi de la France. J'en déduis, en toute bonne foi, que Mistral est un occitaniste comme moi.

Toute l'ironie du monde ne changera rien à ce fait: Mistral n'avait pas pris réellement parti à ce sujet (même si ses lettres nous montrent une méfiance quasi instinctive pour ces "occitans", qu'il a laissé attaquer par Dévoluy dans son Aioli)

Réponses

DanièlOlivar

#136 Re: Re: Re: Re: Re: Re:

2012-09-08 23:28:04

#133: Ive Gourgaud - Re: Re: Re: Re: Re:

Eh bien, pour continuer d'abaisser le ton, je suis d'accord avec vous : il y a une ambigüité chez Mistral (sans doute liée à ses hésitations : nationalisme ou républicanisme ? Comment rester loyal à une république qui faisait tout pour éradiquer la langue qu'il défendait brillamment?) qui peut donner libre cours à des interprétations divergentes. Néanmoins, je ne pense pas qu'il se serait reconnu dans la volonté de découper en tranches la langue d'oc, comme le cherchent certains de ceux qui se prétendent ses successeurs.

Pour ma part, je crois qu'il ne faut plus avoir peur des mots : le terme "occitan", quelles qu'aient pu être ses acceptions, offre plusieurs avantages. Il évite, comme adjectif, la lourde périphrase "de langue d'oc"; il donne, comme substantif, un nom à l'ensemble de la langue sans présenter l'inconvénient d'avoir à confondre sens large et sens restreint (comme "provençal", "limousin" et même "gascon", si je ne m'abuse; "occitan" n'a plus le sens de "languedocien", sans quoi "occitan languedocien" serait un pléonasme); il permet de nous définir sans référence à une autre réalité (au contraire de "méridional", qui fait de nous le "Sud" de la France, comme si cela avait été toujours le cas, et comme si notre langue ne se parlait qu'en France).

Bien sûr que la graphie mistralienne pourrait être qualifiée de "classique", à commencer par le fait que Mistral est un classique de notre littérature, mais dans la mesure où l'autre graphie s'efforce de renouer avec des traditions médiévales (au point que des antioccitanistes virulents ne se privent pas de la qualifier d'"archaïque", ou de "gai sabir"), il me semble que ce qualificatif lui convient.