Pour le droit de chanter dans les Eglises
Pétition adressée au Conseil fédéral
Le 4 décembre, le Conseil fédéral a décidé que le chant serait interdit en dehors du cercle familial et de l’école obligatoire, à partir du 9 décembre. La vie des Eglises est fortement impactée par cette décision, et nous demandons à nos autorités de revenir en arrière et d’autoriser à nouveau les participants aux cérémonies religieuses à chanter.
Nous comprenons la responsabilité qu’ont les autorités civiles de préserver la vie et la santé des citoyens. Depuis le début de la crise du coronavirus, les Eglises, à l’instar de la plupart des acteurs de la société, se sont constamment adaptées et soumises aux décisions fédérales et cantonales : en interrompant les cultes en présentiel quand cela leur était demandé, en élaborant des plans de protection sanitaires, en réorganisant inlassablement leurs activités en fonction du nombre de participants autorisés, etc.
Cependant, la décision d’interdire le chant de manière absolue, y compris dans les Eglises, va trop loin. Elle touche à l’essence même du culte, puisque, pour tous les chrétiens qui s’attachent à la Bible, le chant est un élément intouchable du culte (voir Colossiens 3,16 notamment). Or, selon l’article 18 de la Déclaration des Droits de l’homme, « toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu'en privé, par l'enseignement, les pratiques, le culte et l'accomplissement des rites ». La restriction d’une telle liberté fondamentale doit être légitimée notamment par le respect du principe de proportionnalité.
Or, l’interdiction du chant dans la vie de l’Eglise revêt un caractère qui nous apparaît comme disproportionné. Une étude scientifique documentée de « Santé Publique Ontario » (qui propose un inventaire, une analyse et une synthèse des études sur la question), datée du 18 novembre[1], se conclut par cet aveu : « Il est encore difficile d’évaluer dans quelle mesure le chant en groupe ou le fait de jouer d’un instrument à vent augmente le risque de transmission de la COVID-19 ». Nous estimons qu’il n’existe pas de preuve que le chant constituerait un risque de foyer de cas au coronavirus, a fortiori quand on sait que les Eglises respectent les mesures que sont le port du masque et la distanciation sociale, considérées comme efficaces par les autorités.
Enfin, la décision du Conseil fédéral ne semble pas tenir compte de la réalité du terrain dans les Eglises : les chrétiens réunis lors d’une cérémonie religieuse, loin de constituer une chorale composée de professionnels chantant à pleins poumons pendant deux heures, entonnent seulement quelques cantiques pendant le culte, chantant plus de tout leur cœur que de toute leur voix.
Pour toutes ces raisons, nous demandons au Conseil fédéral de modifier l’article 6f de l’Ordonnance Covid-19 situation particulière, pour permettre à nouveau la pratique du chant lors des cultes des Eglises.
Pétition lancée par les responsables de l’Eglise Réformée Baptiste de Lausanne, soutenue par les responsables de l’Eglise Réformée Baptiste de Neuchâtel, par les responsables de l’Eglise Réformée Baptiste de la Broye et par les responsables de l’Eglise baptiste de Sion
Roger Dambach pour les responsables de l'Eglise Réformée Baptiste de Lausanne Contacter l'auteur de la pétition