Alerte! Les restaurateurs francais du patrimoine sont en danger!
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Emmanuelle Paris |
#532016-03-22 06:24Près de 4000 signatures c’est encourageant mais ça n’est pas suffisant pour que nous soyons entendus. Il faut saisir l’opportunité de cette mobilisation et en élargir le champ au maximum afin qu’elle atteigne son objectif : sensibiliser le gouvernement aux dysfonctionnements qui touchent notre profession afin de trouver des solutions adéquates. La profession de restaurateur du Patrimoine est effectivement en grave danger et de plus en plus nombreux sont ceux d’entre nous qui décident de la quitter définitivement en emportant avec eux leurs compétences, leur expérience et leur savoir-faire. Pour s’en rendre compte il n’y a qu’à lire les commentaires laissés ici. Notre métier est perçu comme un métier de passion qui fait rêver. En effet, c’est ce qu’il est, mais le revers de la médaille est bien moins enviable et nul ne peut soupçonner les difficultés auxquelles nous sommes confrontés. Paris est la ville la plus visitée au Monde, et la France bénéficie d’une aura culturelle indiscutable. Ce que l’on vient admirer et qu’on nous envie ça n’est pas notre industrie automobile mais plutôt notre Patrimoine, nos musées, nos monuments… Le restaurateur formé et diplômé en suivant les règles de déontologie admises internationalement (ou habilité par les Musées de France) est le seul spécialiste capable d’assurer la transmission de ce Patrimoine dans de bonnes conditions. Il est important de connaître la réalité des faits afin de se forger une opinion, voici donc un état des lieux de la situation : Qu’est-ce qu’un restaurateur du Patrimoine ? Un restaurateur du Patrimoine est chargé d’assurer la conservation « matérielle » des œuvres qui constituent notre Patrimoine (œuvres peintes, œuvres sculptées, œuvres graphiques, œuvres métalliques, arts du feu, œuvres textiles, œuvres photographiques, mobilier, etc…) pour en permettre la transmission aux générations futures. L’ensemble de ces œuvres étant considérées comme des éléments de notre Histoire et de la mémoire de l’Humanité. Comment le restaurateur du Patrimoine est-il formé en France ? Le restaurateur du Patrimoine diplômé d’Etat n’a pas appris son métier "à l’Ecole des Beaux-arts", ni "à l’Ecole du Louvre". Il a été formé dans l’une des quatre institutions reconnues par les musées de France (INP, Master CRBC Panthéon-Sorbonne, Ecole de Tours, Ecole d’Avignon). Ces formations délivrent un Master, soit un diplôme de niveau Bac + 5. En réalité, il aura en moyenne effectué 7 années d’études supérieures après son Bac pour obtenir son diplôme car les concours d’entrée à ces écoles nécessitent une préparation longue et difficile (pour un taux de réussite pouvant être de seulement 2% certaines années). Les compétences requises englobent l’histoire de l’Art, les sciences (physique/chimie/biologie), la technologie, le dessin, l’habileté manuelle, la maîtrise d’une discipline (peinture, modelage, photographie, etc…). Comment exerce-t-on le métier de restaurateur du Patrimoine en France ? Lorsqu’on s’engage dans la préparation d’un de ces concours, on a rarement conscience que pour exercer notre métier, on devra nécessairement s’installer en tant que travailleur indépendant. Pourtant telle est la réalité, car les restaurateurs ne travaillent pas "pour le Louvre" ni pour aucun autre musée (sauf à de rares exceptions). La France est l’un des seuls pays, sinon le seul (étonnamment) où les musées ne comprennent pas systématiquement un atelier de restauration où des spécialistes sont chargés de veiller à la conservation « matérielle » des collections. Nous sommes tous des prestataires de service mis en concurrence dans le meilleur des cas avec deux autres restaurateurs, mais plus généralement soumis au système des marchés publics. Les collectionneurs privés étant rares, les collections publiques sont donc nos principaux milieux d’exercice. Les marchés publics (ou appels d’offre publics à la concurrence) sont censés permettre une répartition équitable des budgets de l’Etat. Ils sont tout à fait adaptés à des travaux importants mettant en concurrence de grosses entreprises de travaux publics par exemple, mais certainement pas à nos petites structures unipersonnelles. Nous ne bénéficions en effet pas de l’appui d’une cellule administrative chargée de réunir les pièces toujours plus nombreuses et compliquées qui nous sont demandées. Nous réalisons donc nous-mêmes ces dossiers qui nous demandent des jours, et parfois des semaines de préparation pour lesquelles nous ne sommes pas rémunérés. Ces dossiers sont de véritables rapports d’expertise qui débouchent parfois sur des mois de négociations, sans aucune garantie de remporter le marché. Nous passons donc près de 30% de notre temps à monter ces dossiers et non à exercer notre métier de restaurateur, pour n’en remporter au mieux que 1 sur 10 (pour des montants parfois dérisoires). La loi des marchés publics étant ce qu’elle est (une roulette russe attirée par la proposition moins disante, autrement dit la moins chère) il arrive parfois qu’une série d’appels d’offre ne nous soit pas attribuée. Ce seront alors des semaines, ou des mois de travail qui ne porteront aucun fruit et durant lesquels, il est inutile de préciser que nous ne bénéficierons d’aucune aide ni subvention. A tout cela s’ajoute le fait que, l’Etat étant un très mauvais payeur, les délais de paiement de nos prestations peuvent parfois atteindre des sommets : en moyenne deux mois, parfois moins, mais souvent plus sur de gros chantiers (en exemple jusqu’à deux ans et demi pour le reliquat d’un marché public de la Ville de Paris !). Dans le privé ce n’est pas toujours mieux du reste… Comment fonctionne un travailleur indépendant ? Le travailleur indépendant (installé en tant que profession libérale, artisan, société, etc…) pratique des tarifs qui doivent lui permettre d’assurer à la fois sa subsistance, le fonctionnement de son entreprise (loyer de son atelier et charges courantes, assurances, renouvellement des produits, du matériel, acquisition de nouvelles technologies, élargissement de ses compétences par des formations, etc…), le paiement de ses charges sociales (au minimum 30 à 40% du montant de son chiffre d’affaire HT) et sa prévoyance. Le travailleur indépendant ne bénéficie en effet pas de congés payés, d’assurance chômage, d’une retraite décente (tout au plus 500€ par mois après 40 années de cotisations), ni même de congé maladie (quelle que soit la gravité de la maladie). Autrement dit, un travailleur indépendant qui doit interrompre son activité pour des raisons de santé ne bénéficiera d’aucune aide, tout au plus de l’étalement ou du report de ses cotisations sociales. Notre profession est pourtant exposée à de nombreux risques : toxiques (emploi de solvants, exposition à des matières dangereuses telles que le plomb, etc…), fonctionnels (conditions de travail anti-ergonomiques (en extérieur, à plat ventre, dans la poussière, etc…) et sécuritaires (accès difficiles, travail sur échafaudages, etc…) Quelle est la moyenne de revenus d’un restaurateur du Patrimoine ? Avec une charge de travail généralement bien supérieure aux 35h par semaine (préparation des appels d’offre sur notre « temps libre ») le restaurateur arrivera péniblement à atteindre un revenu moyen de 2000€/mois (parfois plus, souvent moins, comme l’avait indiqué un sondage réalisé par la FFCR). Les niveaux de revenus sont néanmoins très fluctuants selon la spécialité d’exercice et le niveau d’expertise du restaurateur, son statut et son ancienneté dans la profession. Pour un niveau d’études d’environ 7 années après le BAC on peut néanmoins légitimement se demander comment est arrivée cette précarisation qui fait que nos tarifs n’ont pas augmenté pour certains d’entre nous depuis 10 à 15 ans (s’ils n’ont pas carrément baissé : l’entrée dans le système des marchés publics n’y serait-elle pas pour quelque chose ?) Aucune profession ne peut faire le même constat. Il paraît évident que dans ces conditions il est impossible de vivre décemment. Il faut donc être passionné (ce que nous sommes tous) et dotés d’une santé physique et mentale de fer pour continuer d’exercer dans ces conditions, ce qui est à l’origine du changement de voie d’un nombre toujours plus grandissant d’entre nous. Pour tous ces services rendus, nous n’en sommes pas moins considérés comme les petites mains des métiers d’art et il n’est pas rare que dans un article de presse concernant la restauration d’un objet, le conservateur responsable ou le directeur du musée soit cité (ainsi que le photographe qui a illustré l’article) mais pas le restaurateur qui a réalisé le travail dont on parle précisément. Quelles sont les solutions ? - Certains professionnels préconisent, à juste titre, l’application de l’exception culturelle et la sortie de notre profession du système de marchés publics (cf. article du 14 février 2012 par Jean Perfettini paru dans la Tribune de l’Art) - Il est indéniable qu’une meilleure reconnaissance et une meilleure protection des professionnels sont nécessaires - Les interventions sur les œuvres appartenant au Patrimoine public doivent être confiées strictement à des spécialistes diplômés ou habilités - Un vrai suivi de l’état des collections doit pouvoir être réalisé par des spécialistes en poste dans les musées, en rétablissant un réel dialogue entre le conservateur et le restaurateur, tel qu’il existe dans les pays anglo-saxons par exemple J'ajoute qu'un "numerus closus" adapté à l'état du marché selon les spécialités pourrait être appliqué aux formations diplomantes, afin de ne pas alimenter le système de nouveaux travailleurs précaires. Un statut social intermédiaire avec celui de la maison des Artistes pourrait également être envisagé, qui permettrait de s'adapter mieux à nos besoins par un prélèvement des charges sociales à la source par exemple (à l'image des auto-entrepreneurs) et avec une meilleure protection sociale. Quoi qu’il en soit, la première urgence est une prise de conscience du danger qui guette notre profession (et par assimilation notre Patrimoine) si aucune solution n’est trouvée et nous devons pour cela établir un dialogue fertile avec le gouvernement. Emmanuelle Paris le 22 mars 2016 Restauratrice du Patrimoine - Spécialité Peintures - Diplômée de l'INP en 2001 |
Visiteur |
#552016-03-22 07:48J'ai signé le 22 mars 2016 mais je connais le milieu de la restauration du patrimoine depuis 30 ans. Et j'ai vu les dégradations du métier qui devrait être protégé. |
Julie Catalo-Manuel |
#56 Re:2016-03-22 08:40Merci Emmanuelle pour cet texte qui rend très bien compte de la situation. Vu que nous travaillons principalement sur des œuvres publiques, le statut d'intermittent serait à mon avis très bien adapté à notre profession, non ? |
Emmanuelle Paris |
#57 Re: Re:2016-03-22 09:35#56: Julie Catalo-Manuel - Re: Un statut qui s'en inspire serait indéniablement plus adapté à notre situation en effet |
visiteur |
#59 annie boulogne-billancourt2016-03-22 19:20Merci pour vos commentaires éclairants. Pour ma part, je ne suis qu'une simple admiratrice du travail des restaurateurs-conservateurs qui restituent les beautés abimées par le temps. Je connais une jeune restauratrice et j'ai été suis témoin des efforts et de la difficulté de la formation et aussi des dégats que peuvent faire de mauvaises interventions. Merci et poursuivez votre combat.
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La mosca, restauratrice de sculptures - sans sculptures |
#60 Re: Merci Emmanuelle, et profitons de cette plateforme pour témoigner...2016-03-23 08:14Merci Emmanuelle pour ce portait pointu et sous plusieurs axes de vue du métier. C'est exactement ça. Pour ma part j'ai toujours refusé de m'atteler aux appels d'offre, faible opposition pour rêver que ce système ne s'enracine pas dans le fonctionnement public - mais il aurait fallu une opposition de masse, un boycott général dès le début, quand tant de réponses n'ont servit que de constats d'états gratuits pour lancer un second appel. Au lieu de quoi me semble-t-il c'est chaque fois la curée, dans un stress sans nom, sans gain aucun, en chiens de faïence, tant chacun peine et a besoin de cette commande, avec ceux qui sont nos confrères et parfois collaborateurs, et éffondrés par la présence de concurents d'un autre monde, pour répondre malgré les études préliminaires à des demandes incohérentes, remplir des cases de chiffres, depuis les opérations initiales jusqu'au résultat final, avec tout à estimer en même temps en dépit du bon sens... Dans mon petit coin de restauratrice provinciale, j'en était venue au même parallélisme : serions-nous les intermittents du patrimoine, fragiles et précaires? Mes chiffres sont les suivants : Profitons de cette plateforme pour témoigner... Une question: comment ce tableau complet d'Emmanuelle pourrait-il être plus mis en avant ? Par exemple directement par un lien sur le texte de la pétition ? J'imagine que beaucoup signent sans aller jusqu'aux commentaires. Invitons aussi à aller lire les commentaires sur les versions en allemand et en anglais. Pour qui en a besoin, le traducteur automatique donne des résultats très acceptables. Les contenus sont concis, précis, si pertinents, et montrent que le problème dépasse les frontières. Merci à nouveau à tous les signataires. |
En voie de disparition |
#622016-03-23 20:58J'ai signé cette pétition il y a déjà quelques jours, parce que, oui, la profession est en voie de disparition, parce que je travaille 65 à 70 h par semaine pour l'équivalent d'un SMIC, alors qu'on nous rabat sans cesse les oreilles de nos prix trop chers. Nous sommes pourtant moins chers que les éclairagistes ou les plombiers employés par ces mêmes commanditaires et notre rôle n'est pas des moindres. Les appels d'offres donnant le travail aux moins disants nivèlent le travail par le bas : il ne faut pas rêver, les commanditaires en auront pour leur argent, pas plus. Il y a eu un temps où on espèrait que travailler mieux à bas prix nous ferait au moins connaître et apporterait du travail sur le long terme. Foin de nos illusions! Nous sommes interchangeables, il n'est plus question de relation de confiance, mais de rapport aux services juridiques et financiers, qui ne connaissent rien à notre métier. Les mêmes services juridiques et financiers choisissent qui, selon leurs critères administratifs, est à même de travailler sur telle ou telle oeuvre, mais ils n'ont pas les compétences techniques pour juger de la pertinence de telle ou telle autre proposition. Nos mémoires techniques (des heures, des jours de travail gratuit) ne sont jamais jugés par des pairs. Là où cette pétition me dérange, c'est le sort fait aux métiers d'art, que je ne méprise personnellement pas du tout, je ne me considère absolument pas supérieurement intellectuelle par rapport à eux, et je suis bien sûr que le mépris affiché par certains à l'égard desdits métiers d'art n'est pas représentatif de ce que pense la profession. Pourquoi ne pas exister au sein des métiers d'art, avec notre spécificité, tout simplement, plutôt que de jeter le bébé avec l'eau du bain? Pourquoi l'ensemble de la profession (et pas seulement les adhérents aux associations professionnelles) n'est-elle pas interrogée sur cette question? Donc, oui, il est plus que temps de ruer dans les brancards dans ce système qui nous paupérise chaque jour un peu plus, et c'est pour cela que je signe, mais non, je ne méprise pas les métiers d'art, je me considère aussi bien théoricienne que praticienne, et il n'y a aucune honte à exercer un métier avec une très importante part manuelle. Faisons reconnaître notre "savoir-faire" plutôt que de faire preuve d'arrogance. |
Gwenola |
#64 Re:2016-03-24 06:59Bonjour, je ne vois pas où est le mépris envers les métiers d'art dans cette pétition. Le problème, c'est que la définition des métiers d'art ne correspond pas à notre pratique dans toute sa définition ! C'est d'ailleurs il me semble sur ce point que les conservateurs à l'origine de cette lettre ont réagi. Quant "aux associations professionnelles", il n'y en a qu'une à ma connaissance qui défende notre spécificité (la FFCR). Et elle doit se battre bec et ongles (rappelons qu'à part la secrétaire salariée à temps partiel, tous les autres sont bénévoles et prennent sur leur temps de travail pour défendre L'ENSEMBLE de la profession, souvent au détriment de leur propre travail et vie personnelle, alors qu'ils vivent la même chose que les situations décrites dans les commentaires) pour qu'on l'entende, elle est rarement consultée spontanément ! Et quand je dis "elle", c'est nous ! C'est une association qui n'est "que ce qu'en font ses membres actifs. On est tous dans le même bateau, ce serait bien qu'on soit tous réunis ! Je rappelle que l'AG de la FFCR, c'est vendredi prochain (1er avril) et qu'il est encore temps d'adhérer ! |
Visiteur |
#652016-03-24 09:29Je restaure, avec mon épouse, et depuis plus de 30 ans, avec le soutien de l'Etat, de la Région MP et du département de l'Aveyron, un monument. Heureusement que les savoir-faire sont encore présents, car ce sont, entre autre, eux qui sont à l'origine de l'admiration de notre public de visiteurs. Alors les métiers de la restauration sont indispensables et sont fortement contributeurs de notre économie touristique et culturelle, même si cela ne parait pas évident de prime abord ! |
Virginie Lamarche-Barral |
#67 Re: Re: Merci Emmanuelle, et profitons de cette plateforme pour témoigner...2016-03-26 11:40Merci à Emmanuelle et autres restauratrices qui ont répondu à ce témoignage complet ! Oui, il faudrait mettre en avant ce texte très représentatif de notre profession ! Je suis dans le même cas que "la Mosca" ! Bac + 5 x2, idem maîtrise histoire de l'art et archéologie + DNSEP mention conservation restauration d'oeuvres sculptées à L'Ecole Supérieure des Beaux Arts de Tours. + de 40 ans (47 pour être précise) et inscrite à Pôle Emploi depuis septembre 2015 à la recherche d'un autre job pour subvenir aux besoins de ma famille ! 3 ans de salariat payé au SMIC en début de carrière puis en portage salarial, bénéficiant d'un petit chômage, enfin à mon compte depuis 2001, croyant que ça démarrait vraiment ! J'ai calculé ma moyenne mensuelle depuis 2001, 500 € par mois !!! J'ai réagi en 2011, je suis passée en auto entreprise pour moins galérer avec les charges. Avant j'étais tout de même en micro entreprise, au réel en HT. Idem depuis septembre 2015, aucun travail, aucun devis...juste un devis à réactualiser datant de 2008...Et là toujours aucun travail en vue...Ma famille aussi a dû m'aider bien souvent, au départ des avances à rembourser puis plus souvent de vrais dons... Je n'ai jamais pu installer un atelier correctement, trop onéreux pour aucune certitude...Aucune formation complémentaire possible non plus, trop cher...aucun colloque, rien. Je me suis trouvée de plus en plus isolée... Oui, il faudrait vraiment un statut d'intermittent du patrimoine ! Il nous faudrait percevoir des alloc quand on n'a pas de commandes, proportionnelles à notre CA peut-être de l'année précédente...ou des commandes des 3 derniers mois..? ou juste un minimum à vivre comme le RSA... Autrement le statut de métier d'art ne me déplait pas... on touche de près l'art...dans tous les cas. Et notre activité majeure est manuelle ! Si ça peut nous aider à une meilleure reconnaissance, à des aides possibles, pas de souci ! Merci et bravo pour cette pétition ! Au fait je viens d'apprendre que pour préparer la rencontre de la FFCR avec le gouvernement le 11 avril, on peut aller poster nos idées, nos remarques sur le forum de la FFCR, ouvert à tous ! |
Françoise Sinier de Ridder |
#692016-03-27 07:39Je reviens sur cette pétition que j'ai signé. le problème des restaurateurs du patrimoine oeuvrant dans les collections publiques est d'un autre ordre. Personne ne conteste l'amour de l'Art et autres balivernes consensuelles, c'est le fond, la restauration des oeuvres conservées (ou futures) qui pose problème, pas l'appellation "métier d'Art" ou autre détail de pure forme. Confieriez-vous votre vie ou votre santé, celle de vos proches, à un médecin qui aurait fait ses 10 ou 15 ans d'études compliquées oui, difficiles bien sur, longues en effet, mais ensuite sans aucune expérience de terrain, d'atelier, de réel? C'est là le vrai problème. Les musées se sont enfermés dans une situation ubuesque et bien ridicule, voulant se garder quoi? des petits privilèges? du prestige? je ne sais pas, mais maintenant, seuls, sans l'aide ni le soutien des professionnels de la restauration patrimoniale rejetés car non titulaires de ces fameux "diplômes exigeants", ils pleurent leurs manques de moyens, de connaissances techniques, et de la difficulté d'exercer, ils souffrent d'être appelés "Métier d'Art" (ce qui n'est quand même pas une insulte bien subversive) et excusent leur manque d'idées et d'événements culturels par une situation non maitrisée...…… Il y a des restaurateurs du patrimoine, toutes catégories confondues, qui travaillent à plein temps, pour les collections privées qui ne sont pas moins bonnes ni moins exigeantes que les publiques, qui gagnent bien leur vie (j'en suis), et qui organisent des expositions, des événements culturels de qualité, des grandes restaurations patrimoniales, des prêts d'objets patrimoniaux, des communications, des colloques, des partages, des publications, des ateliers, des rencontres, des échanges, et surtout des transmissions de savoir, il est juste regrettable que les musées s'en soient exclus au nom de je ne sais quelle supériorité intellectuelle auto-decernée.
Pour les courageux, les récits de mes tentatives "habilitation musées" ici : http://www.sinier-de-ridder.com/habilitation-restaurateur-des-musees.html
et ma page facebook consacrée à ce sujet : facebook : Restaurer les oeuvres des musées par Sinier de Ridder et encore quelques articles dans la presse dont "le paradoxe des musees" : Le paradoxe du musée. Les musées, qui sont à la fois notre mémoire, notre culture, et notre trésor national, se retrouvent depuis la "Loi musées" de 2004 devant un bien curieux problème. Ils doivent donc conserver et restaurer les œuvres d'art qu'ils exhibent pour un public de plus en plus assidu composé d' étudiants, d’érudits, de chercheurs, de simples badauds amateurs et curieux, et de professionnels qui trouvent là les références patrimoniales nécessaires à l’exercice de leur profession. Conscient du manque de savoir-faire des conservateurs de musées qui sont le plus souvent des universitaires. L'inp, Institut national du patrimoine, a crée un diplôme d'état qui met les musées français en adéquation avec les autres musées européens, un diplôme de "conservateur-restaurateur" qui permet à ses diplômés d'intervenir dans les collections publiques. Ces jeunes diplômés, pourvus d'un assez solide bagage universitaire mais sans aucune expérience technique, mécanique ou simplement manuelle de la restauration des oeuvres, de l'expertise ou de la maintenance, écument les appels d'offre des musées (obligatoires) pour décrocher les contrats de restaurations. Ces diplômés sont spécialistes non pas d'une technique ou d'un savoir précis : l' horlogerie, l' ébénisterie, la peinture ou bien la lutherie, mais d'un matériau précis : le bois, la pierre, le métal, le cuir ou le textile. Ainsi un "conservateur-restaurateur bois" peut restaurer un escalier, un bateau, un meuble, une charpente ou un instrument, toute époque et style confondus mais ne pourra toucher au textile ou au métal. Prenons un musée dans cette situation particulière de recherche de restaurateurs pour ses collections : le Musée des musiques vivantes de Montluçon, avec pour objectif la ré-ouverture en juin 2013 de ses portes. Ce musée a fait un appel d'offre "restaurations", et un jeune diplômé "inp" a répondu puisque seul habilité à le faire. Reconnaissant son ignorance totale des instruments de musique et de leurs singularités (la lutherie n'entre pas dans le cursus "conservateur-restaurateur") il a fait appel à d'autres, des "intervenants", à charge pour chaque sous-traitant d'assurer telle ou telle autre restauration ou partie de restauration, selon sa spécialité s'il en a une. La restauration des instruments de musique, leur conservation ou leur maintenance sont une chose complexe. Les instruments sont le plus souvent composés de plusieurs matières différentes : bois, métaux, tissus, nacre, os, etc…. Ils appartiennent à des époques, à des lieux, à des cultures et à des techniques différentes, ont très souvent été remaniés pour suivre la pratique musicale, ou "bricolés" par des mains enthousiastes, et, en plus de leur caisse matérielle, leur fonction spécifique, leur musicalité, mérite également la restauration. Ainsi notre musée, désireux de montrer au mieux la richesse et la diversité de ses collections, n' a pas d'autre solution que de faire appel à un "conservateur-restaurateur agréé" qui n'a jamais vu au cours de son parcours le moindre instrument de musique… Tout au plus en a-t-il vu si il a visité le musée, derrière les vitrines, durant l'élaboration des cahiers des charges et des stratégies de restauration. C'est le paradoxe de la "loi musées" de 2004. C'est ce qui occupe le "Musée des musiques vivantes de Montluçon" en ce moment, la conservation-restauration d'un patrimoine très particulier, vielles à roue, cornemuses, guitares ou accordéons, par des personnes qui ne connaissent ni l’histoire ni les techniques ni les spécificités singulières de ces instruments de musique historiques et patrimoniaux, avant de pouvoir les remettre "restaurés" en vitrines pour l'édification de tous … Une situation complexe, un curieux respect du patrimoine, qui, je l'espère, sauront se faire oublier lors de l'ouverture du beau et nouveau Musée des musiques vivantes de Montluçon.
Dommage
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Françoise Sinier de Ridder |
#70 Re:2016-03-27 09:20Bonjour, je trouve tes commentaires bien amers. Tu n'envisages les restaurations patrimoniales que dans le cadre des collections publiques, et chacun sait que les musees ne restaurent pas, ils conservent au mieux. Il y a des restaurateurs du patrimoine, toutes catégories confondues (sauf peut-être archi, et encore je ne suis pas sure), qui travaillent à plein temps, pour les collections privées qui ne sont ni moins bonnes ni moins exigeantes que les publiques, qui gagnent bien leur vie (j'en suis), et qui organisent des expositions, des événements culturels de qualité, des grandes restaurations patrimoniales, des prêts d'objets patrimoniaux, des communications, des colloques, des partages, des publications, des ateliers, des rencontres, des échanges, et surtout des transmissions de savoir, il est juste regrettable que les musées s'en soient exclus au nom de je ne sais quelle supériorité intellectuelle auto-decernée. |
francoise Sinier de Ridder |
#71 Re:2016-03-27 09:21
Il y a des restaurateurs du patrimoine, toutes catégories confondues, qui travaillent à plein temps, pour les collections privées qui ne sont pas moins bonnes ni moins exigeantes que les publiques, qui gagnent bien leur vie (j'en suis), et qui organisent des expositions, des événements culturels de qualité, des grandes restaurations patrimoniales, des prêts d'objets patrimoniaux, des communications, des colloques, des partages, des publications, des ateliers, des rencontres, des échanges, et surtout des transmissions de savoir, il est juste regrettable que les musées s'en soient exclus au nom de je ne sais quelle supériorité intellectuelle auto-decernée. |
Françoise Snier de Ridder |
#72 Re: Re: Témoignage de colibri : une mouche qui tombe2016-03-27 09:24#30: - Re: Témoignage de colibri : une mouche qui tombe Pourquoi ne pas mettre a profit les etudes de "restaurateur" ailleurs que dans les musees francais qui conservent plus qu'ils ne restaurent? Il y a des restaurateurs du patrimoine, toutes catégories confondues, qui travaillent à plein temps, pour les collections privées qui ne sont pas moins bonnes ni moins exigeantes que les publiques, qui gagnent bien leur vie (j'en suis), et qui organisent des expositions, des événements culturels de qualité, des grandes restaurations patrimoniales, des prêts d'objets patrimoniaux, des communications, des colloques, des partages, des publications, des ateliers, des rencontres, des échanges, et surtout des transmissions de savoir, il est juste regrettable que les musées s'en soient exclus au nom de je ne sais quelle supériorité intellectuelle auto-decernée. |
Françoise Sinier de Ridder |
#73 Re: La situation n'est pas nouvelle... mais il faut qu'on y travaille tous ensemble2016-03-27 09:31#43: - La situation n'est pas nouvelle... mais il faut qu'on y travaille tous ensemble Le probleme c'est que ces formations de type inp ne prepare leurs élèves qu'à envisager de travailler pour un musée, un peu comme un fonctionnaire mensualisé. C'est un malentendu, ça ne marche pas comme ça. Il y a des restaurateurs du patrimoine, toutes catégories confondues, qui travaillent à plein temps, pour les collections privées qui ne sont ni moins bonnes ni moins exigeantes que les publiques, qui gagnent bien leur vie (j'en suis), et qui organisent des expositions, des événements culturels de qualité, des grandes restaurations patrimoniales, des prêts d'objets patrimoniaux, des communications, des colloques, des partages, des publications, des ateliers, des rencontres, des échanges, et surtout des transmissions de savoir, il est juste regrettable que les musées s'en soient exclus au nom de je ne sais quelle supériorité intellectuelle auto-decernée. |
Françoise Sinier de Ridder |
#742016-03-27 09:43J'ai beaucoup écrit, après avoir signé cette pétition, ce que je ne regrette pas. Je ne veux pas vous ennuyer et monopoliser ce forum, mais enfin il faut bien que quelqu'un parle aussi des nombreux et formidables restaurateurs d'objets patrimoniaux qui à l'écart des institutions oeuvrent modestement et sérieusement à la conservation et à la restauration d'un immense patrimoine riche et varié… Qui font, comme tout artisan, beaucoup d'heures, se battent avec les TVA et autres charges certes, mais vivent, travaillent, élèvent leurs enfants, paient leurs impots (oui, oui!). Ce qui n'empeche pas la compasion pour les restaurateurs diplomés universitaires, mais depuis quand les universités assurent un futur boulot à leurs étudiants? Non, elles donnent un diplôme et les diplômes ne font pas tout... C'est un énorme malentendu… Il y a des restaurateurs du patrimoine, toutes catégories confondues, qui travaillent à plein temps, pour les collections privées qui ne sont ni moins bonnes ni moins exigeantes que les publiques, qui gagnent bien leur vie (j'en suis), et qui organisent des expositions, des événements culturels de qualité, des grandes restaurations patrimoniales, des prêts d'objets patrimoniaux, des communications, des colloques, des partages, des publications, des ateliers, des rencontres, des échanges, et surtout des transmissions de savoir, il est juste regrettable que les musées s'en soient exclus au nom de je ne sais quelle supériorité intellectuelle auto-decernée.
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Claire d'Izarny |
#75 Re:2016-03-27 11:05#69: Françoise Sinier de Ridder - Je trouve un peu fort de café de traité un profession de environ 1600 conservateurs-restaurateurs diplômés des quatre formation habilité d’incompétents sous couvert qu’ils n’ont pas l’expérience et le savoir-faire des artisans d’art. Avez-vous une simple idée de la complexité de la profession ? conserver une œuvre n’est pas seulement agir dessus et lui rétablir sa musicalité, quand il s’agit d’objets de musique. Décision qui doit se décider au cas par cas en fonction du contexte. Une œuvre de musée n’a pas forcément pour fonction d’être encore utilisé mais est plutôt le témoignage de ce qui à exister. D’ailleurs dans votre exemple concernant ce jeune restaurateur du patrimoine habilité musée, il a eu l’honnêteté de reconnaitre la limite de ces compétences et de faire appel aux professionnels qui eux ont le savoir-faire. Ceci est justement une des fonctions primordiale du restaurateur-conservateur, avoir suffisamment de connaissance technique et d’esprit critique pour savoir s’entourer de professionnels compétents. Vous donnez en exemple un objet d’un type bien particulier qui a une fonction d’usage importante et qui dans certain cas mérite d’être restaurer, et d’ailleurs nous avons la chance qu’en France, ces savoirs faire traditionnels existe encore ce qui n’est pas le cas dans certains pays. Mais beaucoup d’autres œuvres n’ont pas cette fonction d’usage. Par ailleurs je souhaiterai relever quelques approximations dans votre texte. Il y a dans les écoles habilités des formations spécialisé en peinture et sculpture notamment et pas seulement dans un « matériel particulier », d’ailleurs il y en a tellement qui ont été formé que beaucoup d’entre eux ne trouve plus assez de travail pour vivre. Ensuite, c’est vrai que les matériaux composite pose problème, mais nous sommes amenés dans notre formation à apprendre les propriétés de différents matériaux et les interactions des uns avec les autres. Ensuite vous parler des « musées se sont enfermés dans une situation ubuesque et bien ridicule, voulant se garder quoi? des petits privilèges? du prestige? je ne sais pas, mais maintenant, seuls, sans l'aide ni le soutien des professionnels de la restauration patrimoniale rejetés car non titulaires de ces fameux "diplômes exigeants", ils pleurent leurs manques de moyens, de connaissances techniques, et de la difficulté d'exercer, ils souffrent d'être appelés "Métier d'Art" ». Ce ne sont pas les musées qui pleurent mais les conservateurs-restaurateurs qui dans leur très grande majorité ne travaillent pas dans les musées mais sont des professions indépendante a qui ont fait appels quand on en a besoin. Ensuite je vous ferais remarquer que nous sommes nous aussi professionnels avec un diplôme habilité des restaurateurs du patrimoine, puisque personne n’a voulu accepté notre spécificité de conservateur pourtant unanimement accepté dans les pays anglo-saxons et autre. ET c’est bien là le problème, pour qu’un conservateur-restaurateur puissent exercer son métier dans toute sa définition il faudrait qu’il soit intégré dans les institutions muséales et patrimoniales afin qu’il puisse gérer les collections dans leur conservation matériel. Nos métiers ne sont pas en rivalité mais complémentaire. Je vous en donne pour exemple l’article (lien ci-dessous) concernant la conservation d’un Maori Waka (canoé de guerre) de Nouvelle Zélande. Un bel exemple de restauration en partenariat avec le conservateur de musée, un artiste ayant le savoir-faire et deux conservateurs-restaurateurs de musée. http://www.jcms-journal.com/articles/10.5334/jcms.1011202/
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