Refondation de l'école : les dindons prennent la parole

Dindon 73

/ #1497 Letter ouverte à Vincent Peillon

2013-01-20 23:31

LETTRE OUVERTE D’UN DIRECTEUR D’ECOLE A VINCENT PEILLON, MINISTRE DE L’EDUCATION NATIONALE AU SUJET DU PROJET DE REFORME DES RYTHMES SCOLAIRES :
Monsieur le ministre, les conseils d’école doivent choisir l’organisation de la semaine la plus adaptée aux réalités de leur école.
Monsieur le ministre,
Le président de la république vous a donné mission de faire aboutir une réforme des rythmes scolaires, en fait essentiellement des rythmes de l’école primaire, promesse du candidat durant sa campagne électorale. Ce projet de réforme des rythmes partait d’une belle idée, notamment celle de réduire la journée d’école de l’enfant. Mais cette idée s’est très vite heurtée aux contraintes sociales et finalement la journée de l’enfant ne sera pas réduite, notamment pour les plus jeunes et si vous annoncez la fin de la classe à 15h30, l’enfant devra rester en collectivité pour des activités dites pédagogiques jusqu’à 16h30 et devra en plus retourner à l’école le mercredi matin soit au total 27 heures d’école par semaine. En outre, ce projet de réforme se heurte aux difficultés des municipalités : problèmes de locaux, de personnels formés et disponibles à partir de 16 h et le mercredi matin et contraintes financières. Enfin, les enseignants du primaire qui, faut-il le rappeler, ont les obligations de service les plus lourdes de l’éducation nationale, 27 heures par semaine soit 9 heures de plus qu’un certifié, sont nombreux à penser que la réforme de la semaine n’était pas la priorité. Ils réalisent aussi que ce projet de réforme va aggraver leurs conditions de travail car ils n’auront plus, comme les élèves, l’effet de coupure du mercredi, ils auront des déplacements en plus et vous n’avez nullement l’intention, Monsieur le ministre de leur diminuer leurs heures d’obligations de service, ni de valoriser leur salaire pourtant en déclassement selon l’INSSE, à savoir, en milieu d’échelon, 600 € de moins qu’un professeur certifié.
Ce projet de réforme des rythmes a d’ailleurs été rejeté à deux reprises, début janvier, au CSE et en CTM. Or, Monsieur le ministre, un projet qui est imposé à toutes les écoles alors qu’il suscite beaucoup d’opposition de la part de nombreux acteurs du terrain, y compris les parents (la FCPE n’est pas représentative à l’école primaire) est un projet qui sera mal appliqué et qui risque de décourager beaucoup de monde.
La France est restée des années avec des écoles en semaine de 4 jours, d’autres en 4 jours ½, sans que cela ne pose problème. Collèges et Lycées décident leur emploi du temps et l’organisation de la semaine. Vous n’êtes pas sans savoir que le conseil d’école dans lequel siègent le maire ou ses adjoints, les délégués des parents d’élèves et les enseignants, est l’instance idéale pour décider l’organisation de la semaine la mieux adaptée aux contraintes de l’école et de la commune.
Monsieur le ministre, la démocratie en sortirait gagnante si vous laissiez finalement décider les conseils d’école et surtout on aurait une école primaire apaisée et des enseignants partie prenante dans les choix de leur école. En espérant que vous comprendrez ce malaise qui grandit au sujet de ce projet de réforme des rythmes scolaires, recevez, Monsieur le ministre, mes très respectueuses salutations.
Bruno FRIOLL