Contre le départ de Delphine et Simon

Charles Dagneau de la Gigotière

/ #1 Belliard - Contre le départ... -

2012-02-23 02:15

Contre le départ des membres du Conseil d’administration du Centre des loisirs privé de Wrightville en Europe à l’été 2012
Artiste : Sétphanie Belliard-Hogue
Medium : www.petitions24.net
Date : 20 février 2012
Lieu : La grande région de la capitale nationale du Canada

Cette pétition ou plutôt ce manifeste est une création de Me Stéphanie Belliard-Hogue, une artiste de la Grande région de la capitale nationale (c’est-à-dire l’autre) du Canada. L’œil averti sait voir dans cette œuvre exceptionnelle des symboles, des rythmes et une force créatrice qui rappellent évidemment l’école surréaliste d’André Breton.

Belliard-Hogue est une artiste prolifique avec de nombreuses œuvres spontanées, éphémères et immatérielles à son actif. Ses espaces ludiques, sculptés de ses mains et meublés de chorégraphies rapides inspirées du ballet jazz, sont bien connus, de même que ses envolées en proses surprenant son auditoire à chaque détour. Belliard-Hogue est précurseure de tout un mouvement que les observateurs de l’Art peinent à recenser, vu la nature insaisissable des performances qui s’enchaînent. Ses disciples sont pourtant nombreux, au nombre desquels figurent ses amis Simon Coulombe et Delphine Azoulay – les destinataires de la pétition.

Que l’on ne s’y trompe pas, sous l’apparence d’un document austère au style législatif lourd se cache un hymne à l’amitié et à l’amour plein de subtiles références aux oeuvres classiques de son cher couple-ami appelé familièrement « Delphon ». Les allitérations en « s » languissants (notamment dans ses références effrénées au code civil) côtoient les citations légales obscures qui ne sont là que pour mettre en valeur le thème principal directement issu des tragiques grecques, dont la variante la plus connue est popularisée dans le Québec rural en ces mots célèbres : « T’es mort ou bien je joues plus, bon! ».

La grandeur de cœur et d’esprit de cette artiste de renom résonne dans cette œuvre toute dédiée à ses deux grands amis Simon et Delphine. Que l’on en soit convaincu par ce passage qui clos l’œuvre de manière magistrale :

« Le Tribunal Administratif du Québec, en première instance, a décrété caduque la décision des membres du Conseil d’administration du Centre des loisirs privé de Wrightville de plier bagage pour aller jouer les touristes en Europe à l’été 2012, décision que soutiennent vigoureusement les signataires du Manifeste ».





Dagneau de la Gigotière, Charles

« Contre le départ des membres du Conseil d’administration du Centre des loisirs privé de Wrightville en Europe à l’été 2012 »
Comprendre l’Artiste 18 (2012): 24-25.